Le changement climatique en Fance : un phénomène mesurable à ses conséquences actuelles

Forêt mixte exposée au changement climatique. Mont Ventoux.

Le changement climatique global, dont les effets pouvaient paraître virtuels il y a encore quelques années, commence à se manifester d’une manière très concrète. Canicules et sécheresses auront caractérisées les années 2018 et 2019, sans épargner le territoire national. Grâce aux données récoltées par les scientifiques, une vision précise de ces phénomènes est possible, condition nécessaire pour établir de manière sérieuse une projection du climat dans les décennies à venir et pouvoir en anticiper les conséquences.

 

Premier constat parmi d’autre, relativement parlant :

Entre 1991 et 2018, les données récoltées par Météo France laissent observer sur le territoire français une augmentation positive des anomalies de température estivale, dont la moyenne, qui tend à augmenter, se situe autour de 2 °C. Par contraste, les anomalies de température estivale entre 1960 et 1991 décrivaient une oscillation entre 1 et -1 °C. En d’autres termes, cela signifie que les canicules sont de plus en plus fréquentes sur les vingts dernières années, et semblent suivre une courbe ascendante. Cette tendance à la hausse se trouve confirmée par les résultats du protocole CMIP 6, un programme de coopération scientifique international qui œuvre à prévoir les prochaines tendances climatiques. Ses dernières conclusions laissent entrevoir une augmentation globale de la température allant de 2.5°C (dans le cas d’une réduction drastique et générale des gaz à effet de serre), jusque à 7.5 °C si aucune mesure n’est prise pour enrayer les phénomènes à l’œuvre. Les paramètres météorologiques étant de par leur nature intrinsèquement liés, les conditions hygrométriques s’en feront naturellement ressentir. A titre d’exemple, les données fournies par le modèle Météo France CNRM2014, basées sur une période allant de 1976 à 2005, indiquent à l’horizon 2040 une diminution de 200 mm pour les précipitations annuelles dans certaines régions, notamment le Languedoc.

Mesure des anomalies de températures sur le territoire français.

Les changements météorologiques auxquels il faut s’attendre sur le sol français ne correspondent pas à une simple hausse de la température homogène sur l’ensemble du territoire. Effectivement, si l’on se réfère aux données fournies par Météo France pour décrire la situation actuelle, l’augmentation de la température est particulièrement marquée sur la moitié Est de la France, dans des régions telles que le massif alpin, la Lorraine ou la Provence, et bien plus réduite en Bretagne.  Le même constat peut être opéré vis-à-vis des prévisions hygrométriques: on observe des différences notables entre certaines régions voyant leur pluviométrie baisser drastiquement telles que l’Ouest du massif central, et d’autres, telles que la plaine alsacienne, dont les précipitations augmenteront légèrement.

 

Au delà des données chiffrées que constituent les observations et les prévisions météorologiques, il est nécessaire de faire un constat sur les conséquences actuelles du climat au sein des forêts française, en terme de mortalité, de maladie et de défoliation.

Effectivement, les sécheresse locales de 2017 suivies de celle, plus généralisée, survenue à l’été et à l’automne 2018, ont rendu favorable le développement des insectes ravageurs : notamment les scolytes du sapin, responsables d’une hausse de la mortalité de certains conifères dans le grand Est et en Franche Comté; ainsi que les processionnaires du chêne, à l’origine de la forte défoliation des chênes, en Lorraine notamment. Indépendamment des ravageurs dont elle aura favorisé l’apparition, la sécheresse seule est à l’origine d’importants dommages liés au stress hydrique : entre autre, une mortalité élevée des hêtres sur une zone allant de Dijon à Mulhouse, et un jaunissement des feuilles précoce sur de nombreux feuillus dans l’Est de la France.

Santé des forêts : bois bleui

Bois scolyté bleui. L. M. Nageleisen

Le changement climatique doit s’apprécier à une échelle locale : celle de l’écorégion. Il en est de même de son impact sur les forêts et des mesures à adopter. Les forestiers endossent d’ors et déjà la responsabilité de la pérennité des forêts à l’échelle des plantations, modelées par un ensemble de paramètres précis que sont l’hygrométrie, la température, la nature du sol et l’altitude.

La situation actuelle du parc national forestier, et son évolution pour les décennies à venir,  représente donc un enjeux de taille pour l’ensemble des forestiers français.